« Nous voulons lui redonner sa splendeur d’antan, à Blaye, des vignerons ressuscitent le manoir d’un marquis du XIXe siècle

Joyau néogothique de Blaye, le château Borgeat de Lagrange ressurgit du passé. Un frère et une sœur vignerons recréent dans cette bâtisse ayant appartenu à un marquis l’univers esthétique du XIXe siècle. Des séjours œnotouristiques y sont proposés
Au premier regard, la propriété, qui surgit à la sortie du bourg de Blaye, est totalement inattendue. Avec ses tourelles, son toit en ardoise et sa façade raffinée néogothique, la vaste demeure détonne dans le paysage et contraste avec l’architecture militaire de la citadelle de Vauban (lire en pages précédentes). Située au bord de l’estuaire de la Gironde, elle semble sortie d’un conte fantastique..
Depuis 2020, le « manoir » est la propriété de Tristan et Estelle Borgeat, frère et sœur. « Ici, on a tout repris de zéro », disent-ils. Leur ambition : restaurer l’état d’origine tel qu’il était au XIXe siècle. « Nous voulons lui redonner sa splendeur d’antan. Les séjours des visiteurs, indiquent-ils, contribuent directement à la restauration et à l’entretien du château (1). » Le domaine comprend une douzaine d’hectares de vignes. « C’était un rêve d’avoir une propriété viticole », confient les trentenaires, qui sont à la tête de la société de négoce Maison Borgeat. À Blaye, ils produisent la cuvée 1856, un vin rouge fruité et gourmand qui fait honneur au terroir blayais.
Un inventaire de 1859Pour mener à bien leur mission patrimoniale, les propriétaires peuvent s’appuyer sur un inventaire du château dressé en 1859. Les peintures sont restaurées et des meubles d’époque ont été installés. L’ambition est de « faire voyager les visiteurs aussi bien dans un passé prestigieux que dans la découverte des vins les plus renommés dans le monde ».

Seb Darsy
« Nous proposons des séjours œnotouristiques avec cours de dégustation et balades dans les vignes », précise Estelle Borgeat. L’histoire du Blayais est en effet indissociable de celle de ses vins. Et, à arpenter, ce territoire parsemé de grandes bâtisses viticoles (Segonzac, Eyquem, Peybonhomme…), il apparaît que les activités viticoles, grâce au commerce fluvial de l’estuaire, furent, jadis, lucratives. Au XVIIe siècle, la présence d’un important vignoble aux alentours de la propriété est attestée. Une tourelle portant l’inscription 1641 ainsi qu’une fontaine datant du XVIIe siècle sont les traces d’un ancien château à la place duquel fut édifié le manoir par le marquis de Lagrange.
Lamartine et Haussmann ?Ce sénateur l’a fait construire en 1856 ; les plans sont de l’architecte bordelais Gustave Alaux. Il comprend un vaste corps de bâtiments flanqué d’une tour octogonale à mâchicoulis et d’une petite tourelle. De multiples gargouilles et chimères décorent le bâtiment. Cet impressionnant décor était destiné à recevoir des hôtes de marque. Le marquis aurait ainsi accueilli des personnalités telles que l’écrivain et homme politique Alphonse de Lamartine et le baron Georges Eugène Haussmann, sénateur et préfet du Second Empire qui fréquentait la bourgeoisie bordelaise.
Au fil des années, la propriété connut plusieurs propriétaires dont des négociants hollandais. Puis, elle tomba en désuétude avant son rachat par les Borgeat, fermement décidés à lui redonner ses lettres de noblesse..
Pour des mariages, des séminaires d’entreprises ou des séjours en famille nombreuse, le château peut-être loué. Le manoir dispose de douze chambres, d’un jardin fleuri et d’une piscine. Tél. 06 50 03 40 82.
SudOuest